Des créateurs, c’est ce que nous sommes, et nous l’avons toujours été. Le génie créateur de la société civile, quand on sait le voir, on devient capable de le nourrir et de le faire fructifier.
Voici une exposition de récolte de fruits en 1910, pour sélectionner les plus belles variétés du terroir. En regardant de près l’image qui se trouve volontairement en très grand format, il suffit de cliquer dessus, on remarque la grande diversité de la production des pommes et du raisin, au premier plan. Chaque lot est noté avec un petit bristol, pour préciser qui est le producteur, le lieu de la production et la variété exposée. Le jury n’a plus qu’à faire son travail pour sélectionner les plus beaux fruits et en récompenser leurs producteurs. Aujourd’hui, au sein des collectivités engagées dans le processus Incredible Edible, une fête est organisée au moment des récoltes pour célébrer l’abondance. Ce rassemblement attire de plus en plus de monde et devient un temps fort aussi bien pour les habitants acteurs du programme que pour leurs visiteurs extérieurs qui sont les bienvenus.

Non, non, la photo ci-dessus n’est pas celle d’une chocolaterie. C’est une exposition de la récolte des fruits du terroir, à St Louis, dans le Missouri, en 1904. Déjà, il y a plus de 100 ans de cela, on avait compris l’intérêt de valoriser la production locale. Cette dernière était source de richesse et faisait l’objet d’un sentiment de fierté pour toute la population. Quand un simple jardinier reçoit la visite de différentes personnes pour admirer son jardin et sa récolte, il est toujours heureux de partager son trésor et glisser discrètement quelques petits secrets de fabrication de ce qui fait sa réussite. On imagine facilement la force que représente la mutualisation d’une entreprise collective de la sorte à une échelle plus large, de familles en familles. Chaque créateur intervenant dans le processus de co-création trouve forcément une place pour exercer son talent. Tout offreur de talent trouve un besoin à satisfaire. Et réciproquement.

Revenons en France à présent, à Paris en 1900. On y présente l’exposition internationale de pomologie. Les premières coopérations s’organisent à partir de la société civile de l’époque. Les petits producteurs de pommes, les fermiers possédants des vergers et toutes les personnes en mesure d’apporter leur contribution à la connaissance des fruits étaient les bienvenues pour contribuer au mouvement commun de maintient et de valorisation des multitudes variétés qu’offraient les terroirs.

Exposition de la quantité de conserves de fruits et légumes nécessaire pour couvrir les besoins d’une famille de 5 personnes au cours des mois non productifs de l’année, soit environ 6 mois. Cette réflexion a été menée aux États-Unis, à l’Université de la Caroline du Nord, en 1956. (Crédit photo : NCSU Libraries). Cela donne un aperçu très clair de la quantité de production nécessaire au jardin pour atteindre le niveau d’autonomie alimentaire, en dehors de la période productive des saisonnière. En s’organisant bien, on se rend compte que l’effort à fournir pour atteindre ce niveau de production n’est pas hors de portée. Si on s’y met tous, bien entendu. Cet effort est rendu d’autant plus aisément si la famille en question mutualise son travail avec plusieurs autres familles de son voisinage direct. On imagine alors facilement, qu’au niveau d’une communauté locale plus vaste, c’est assez facile d’y arriver. C’est se qui se passe à présent à Todmorden ainsi qu’au sein des collectivités qui s’engagent dans le processus « incredible edible ».

La récolte des pommes dans les vergers, c’est faire l’expérience de l’abondance, dans la joie, en famille et avec les amis, dans un moment singulier où la nature offre tous ses trésors de saveurs, de beauté et de générosité. Les pommiers produisent de merveilleux fruits en quantité, en variété, et en qualité.

Doisneau-Cueillette-de-pommes-1945

La pomme se conserve facilement, tout l’hiver, jusqu’au retour des premiers fruits des beaux jours. Elle est délicieuse pour son jus, pour ses gelées, ses marmelades et ses délicieuses tartes. Cette photo de Robert Doisneau prise à l’automne 1945 en Alsace montre à quel point l’abondance était présente sur nos territoires il y a quelques 60 années en arrière, la plupart des routes qui reliaient les villages étaient bordées d‘immenses arbres fruitiers, au service de tous les habitants pour se nourrir. Il suffisait de ramasser.